Une Gitane sans filtre finit de se consumer dans un cendrier du salon noir de la rue de Verneuil, ce samedi 2 mars, et ce soir, le maître des lieux n'enfilera pas ses Repetto blanches et son vieux 501 effiloché pour, une fois encore, goûter la magie des néons de la ville lumière, traverser quelques endroits enfumés où les verres tintent et les sourires des fausses Lolitas s'allument, discuter inlassablement, dans les vapeurs d'absinthe, avec les fantômes de Edgar Allan Poe, et voir enfin s'animer l'alchimie du verbe.
Dans quelques minutes, les téléscripteurs vont crépiter dans les salles de rédaction mais, pour l'instant, le salon noir est empli de silence, un silence que quelques notes rebelles viennent troubler avant de retomber inertes sur le sol. Décidément, ce samedi 2 mars, les feux de la rampe ont bien du mal à briller, la fête semble figée, comme prise d'un étrange engourdissement. Que peut-il bien rester des poupées de cire chevauchant de somptueuses Harley-Davidson quand les papillons noirs décident de s'envoler, rien sinon l'ultime abandon du dandy, l'absence ...
An unfiltered Gitane cigarette finishes burning in an ashtray in the black lounge of the rue de Verneuil, this Saturday 2 March, and tonight, the master of the place will not put on his white Repetto and his old frayed 501 to, once again, taste the magic of the neon lights of the city of light, to cross a few smoky places where glasses clink and the smiles of fake Lolitas light up, to discuss tirelessly, in the fumes of absinthe, with the ghosts of Edgar Allan Poe, and to finally see the alchemy of the word come to life.
In a few minutes, the tickers will crackle in the newsrooms but, for the moment, the black room is filled with silence, a silence that a few rebellious notes disturb before falling inertly to the floor. On this Saturday, March 2, the spotlight is having a hard time shining, and the party seems to be frozen, as if it has fallen into a strange numbness. What can be left of the wax dolls riding sumptuous Harley-Davidsons when the black butterflies decide to fly away, nothing if not the ultimate abandonment of the dandy, the absence ...
© thierry massard / march 1991originally edited through a weekly chronicle in the daily french newspaper :: la presse de la manche
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