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Camecrude :: enclave II-II


Parvenus aux abords de l'immense terrain vague, nous nous sommes arrêtés. 
Assourdissant silence du vide ... 
Saisis d'une ankylose graduelle, indolore, nous observons attentivement les regards vides, craintifs, fuyants, les visages, entre sourires et rictus, hésitants, confondus dans une même apparente indolence. Insensibles, adeptes ou démunis face à la froide désolation et le piétinement arrogant des élites ingénieuses, prostration. Le sinistre carnage mémoriel est désormais en marche, lissé et élevé en postulat (qui ne s'assumera pas). Son prochain avénement ne saurait tarder. 

D'autres, distants, défiants de ce même espace de dévastation mentale, ne se sont pas arrêtés.
Une histoire (nouvelle) en cours de réécriture. L'éveil y est encore engourdi, car ici le temps n'a plus cours. Les Maux / gestes fluctuants et graduels étirements, bientôt transpercés par un souffle crépusculaire. Nous abordons d'autres rives, indéchiffrables en apparence, elles bordent un empire indicible, ni hostile, ni accueillant, mais définitivement sensible à d'autres matrices.
Les Sorts / signal préfigurant le cheminement croissant de rythmes intenses, appels chamaniques et mantras en quête de solidification, Camecrude en appelle à la ritualité, le crépitement initial ne laisse aucun doute, le point névralgique est atteint. Comment ne pas percevoir ce lien combinatoire qui soudainement se rompt, et que certains qualifieraient de prémisses alchimiques, et cette vielle à roue repoussant fermement un soundscape désormais lointain, dont l'oubli et la falsification sont désormais les ultimes soubresauts d'une humanité trépanée. Cette "enclave" est certes celle des soupirs, des évocations mortifères (précis de décomposition), elle est également la possible illusion momentanée d'un regain de vigueur, une rédemption ex-nihilo.
Mais n'est-il pas encore trop tôt (anathème) ou bien trop tard pour apercevoir l'aube d'un jour d'après ? Seul extrême sursaut d'espoir résiduel irrémédiablement déçu ? 
Cette aube ne viendra pas aujourd'hui (rituel d'avortement). 
Reste la fuite, l'esquive, une fois encore sacrificielle (la jambe crue) déréliction absolue, territoire d'ombres, sanctuaire tribal aux murs griffés de hurlements d'effroi (la malor) - Ce théâtre des cruautés incertaines est aussi celui des harmonies terrestres (broishami) au déclenchement mélodique strident, encodage solennel - mouvant - Cette obscure tempête bruitiste, puissamment sonore, est désormais dynamique (tableau d'inconstance) l'écriture s'y régule en particules de suie, d'abord compactes puis rapidement disloquées sous les coups de butoir mélodiques. Ainsi, augurant d'une partie plus conventionnelle, et en suspension terminale de l'ouvrage, cette surprenante "sauge lente" conjugue de nombreuses vertus botaniques et les lyrics inspirés de Malou Rivoallan. L'enclave, polymorphe, prend ainsi une ellipse (Que Las Arraditz Que't Sèquin) façonnée autour d'un robuste decrescendo (voeu d'échec) qui n'en est assurément pas l'aveu d'un.

thierry massard / 16 décembre 2020 - 21:16


When we reached the edge of the huge wasteland, we stopped.
The deafening silence of the void ...
Seized with a gradual, painless ankylosis, we observe attentively the empty, fearful, fleeing gazes, the faces, between smile and grin, hesitant, confused in the same apparent indolence. Insensitive, followers or helpless in the face of cold desolation and the arrogant trampling of ingenious elites, prostration. The sinister memory carnage is now in motion, smoothed out and raised in postulate (which will not be assumed). Its next advent will not be long in coming.

Others, distant, distrustful of this same space of mental devastation, did not stop.
A (new) story being rewritten. Awakening is still numb there, because here time is no longer valid. Les Maux / fluctuating and gradual stretching gestures, soon pierced by a twilight breath. We approach other shores, apparently indecipherable, they border an indescribable empire, neither hostile nor welcoming, but definitely sensitive to other matrices.
Les sorts / signal prefiguring the growing path of intense rhythms, shamanic calls and mantras in search of solidification, Camecrude calls for rituality, the initial crackle leaves no doubt, the nerve point is reached. How can we fail to perceive this combinatorial link which suddenly breaks, and which some would qualify as alchemical premises, and this hurdy-gurdy firmly pushing back a now distant soundscape, whose forgetting and falsification are now the ultimate jolts of a trepanned humanity. This "enclave" is certainly that of sighs, deadly evocations (Précis de décomposition), it is also the possible momentary illusion of a renewal of vigor, an ex-nihilo redemption - But isn't it still too early ( anatheme) or too late to see dawn the next day? The only extreme residual hope hopelessly disappointed? This dawn will not come today (rituel d'avortement). There remains the flight, the evasion, once again sacrificial (la jambe crue) absolute dereliction, territory of shadows, tribal sanctuary with walls clawed with howls of fear (la malor) - This theater of uncertain cruelties is also that of harmonies terrestrial (broishami) with strident melodic triggering, solemn - moving encoding - This obscure noisy storm, powerfully sonorous, is now dynamic (tableau d'inconstance) the writing is regulated in soot particles, at first compact then rapidly dislocated under the melodic hits. Borrowing from a more conventional final part, and in final suspension of the work, this surprising "sauge lente" combines many botanical virtues and lyrics inspired by Malou Rivoallan. The enclave, polymorphic, thus takes on an ellipse (Que Las Arraditz Que't Sèquin) shaped around a robust decrescendo (voeu d'echec) which is certainly not the admission of one.

(a Google rough translation)
▷ artwork by Viqtor Tuurngaq